Du 31/08 au 21/10/2023.
Fermé lundi, mardi et dimanche.
Ouvert du mercredi au vendredi de 14h à 19h, le samedi de 11h à 19h.
- Adresse : 16 Traverse Saint Hélène - 13007 Marseille
- Y aller
Artorama Gallery night samedi 2 septembre de 18h à 22h.
Joseph Cornelius présente une série de peintures à grande échelle dans lesquelles des compositions abstraites évocatrices sont contrastées par l’apparition de mots génériques.
Dans Shift, Cornelius s’inspire des formes organiques de la nature pour en dépeindre un sentiment abstrait.
Les mots sont utilisés de manière descriptive ou onomatopéique, confrontant ainsi le spectateur à contempler les compositions abstraites d’un point de vue figuratif.
Dans la vallée de la nouvelle lune, les rouges flous allant du rose au violet bleuâtre sont flanqués de traits verts gestuels. L’œil erre entre les dégradés de couleurs atmosphériques en arrière-plan et les traits peints rapidement au premier plan, mais avant que l’on ne se laisse happer par les interprétations possibles de ce qui est vu, les mots (nouvelle) lune et vallée suggèrent déjà une description sobre de ce qui est représenté. Dans leur apparence claire et épurée, les mots évoquent l’esthétique de l’étiquetage et confondent ainsi le spectateur dans leur absolu. Il semble impossible de prendre ses distances avec les mots que vous lisez et de regarder l’image sans parti pris. Ils encadrent les peintures sans pour autant fournir une image claire.
Cornelius choisit des polices de caractères courantes, visant un caractère informatif et autoritaire tout en diminuant la paternité. En cela, ils opposent fortement les compositions émotives et semblent ouvrir un niveau conceptuel à côté de la peinture. Ce deuxième niveau est cependant caractérisé par l’ambivalence ; les lettres, qui semblent imprimées, sont peintes dans des bruns et des gris foncés soigneusement sélectionnés. Par cet acte, ils résistent au simple usage conceptuel et s’exposent comme un vocabulaire pictural. Et pourtant, l’écriture en tant que vocabulaire pictural crée une forte tension perceptive dans les œuvres, puisqu’il ne nous est pas possible de les percevoir comme de simples formes, mais nous les reconnaissons plutôt comme des mots qui sont immédiatement transformés par notre cerveau en image. La possibilité d’ajouter un moment figuratif aux compositions abstraites ouvre l’espace de la toile au spectateur et en même temps oriente sa perception.
L’utilisation de divers signes de ponctuation crée l’impression d’une remarque personnelle, qui à son tour semble nier la revendication de non-paternité. Ocean splash est une œuvre minimale et gestuelle dans laquelle des traits bleus sur un fond principalement blanc suggèrent des formes organiques de vagues. Entrecoupé de traces de peinture bleue, à un endroit également jaune, le blanc a plusieurs fois été retravaillé. Les mots ocean et splash ne sont peints qu’en contour, ce qui contribue à l’esthétique réduite du tableau. Alors que l’océan semble décrire de manière banale ce que suggèrent les traits et les formes bleues, les guillemets en splash apparaissent comme des ornements onomatopéiques. La simplicité des mots et l’utilisation de signes de ponctuation révèlent une nuance ironique qui semble remettre en question la prétention au sublime souvent inhérente à la peinture abstraite.
Formes lâches et mots banals, abstraction et concret, imagination et détermination. Le travail de Cornelius oscille entre l’un et l’autre, nous invitant à défier notre perception.
Publié par : Ville de Marseille