« Barvalo », signifiant « riche » et par extension « fier » en romani, a pour sujet l’histoire et les cultures des populations romani d’Europe. L’exposition traite également de l’antitsiganisme contre lequel ceux qu’on continue d’appeler
« Tsiganes » luttent depuis un millénaire. Elle est conçue de manière collaborative par une équipe de dix-neuf personnes d’origine romani (roms, sinte, manouches, gitans, gens du voyage/voyageurs) et non-romani, de nationalités et de profils différents. Tous œuvrent à ce projet depuis 2018.
« Barvalo » se déroule en deux parties. En remontant jusqu’au début du deuxième millénaire, et aux premiers témoignages de leur arrivée en Europe, l’exposition met en lumière les ressorts par lesquels les persécutions contre les populations romani, culminant avec l’Holocauste, sont apparus et se perpétuent. Il s’agit également de reconnaître le rôle des représentations stéréotypées dans la culture et le folklore. En parallèle, le visiteur découvre la manière dont les groupes romani se sont exprimés, notamment au travers d’une langue commune, le romani, et ont agi et revendiqué leurs droits dans ces situations d’oppression.
La deuxième partie propose une réflexion contrastée sur les notions d’appartenance et d’identité en prenant le parti d’inverser le regard du visiteur à travers une installation de l’artiste Gabi Jimenez, Le musée du gadjo. Il y illustre la gadjologie, une science imaginaire et parodique de l’Autre selon la perception romani. Cet espace se présente sous la forme d’un diorama consacré à la « culture gadjo », révélant ainsi l’absurdité de l’essentialisation de l’Autre quand elle est poussée à son extrême. Il questionne le rôle du musée d’ethnographie comme diffuseur d’une
« vérité ».
En fin de parcours, une galerie de portraits de personnalités célèbres et moins connues témoigne de la richesse des cultures romani et de la fierté des différentes communautés à contribuer à la diversité culturelle des sociétés européennes afin d’affirmer haut et fort «Barvalo».
Le visiteur sera accompagné virtuellement par quatre « guides » appartenant à quatre groupes romani distincts. Leurs récits personnels et familiaux entreront en résonnance avec une histoire européenne plus large et partagée.
Dans chacune des parties, les œuvres d’artistes non-romani côtoient celles de sculpteurs, photographes et peintres romani contemporains afin de laisser les représentants de ces minorités donner leur vision de dix siècles de présence européenne et d’affirmation identitaire. L’exposition réunit plus de 200 œuvres et documents issus de collections publiques et privées françaises et européennes, dont le musée du Louvre, le musée national d’histoire naturelle à Paris, le musée d’ethnographie de Genève, les Staatliche Kunstsammlungen Dresden, le musée Nicéphore Niepce de Chalon-sur-Saône, les Archives départementales des Bouches-du-Rhône, les Archives Municipales de Marseille, la Médiathèque Matéo Maximoff, le musée de Grenoble, le musée national d’histoire et les Archives nationales roumaines, la Fondation Kai Dikhas et le European Roma Institute for Arts and Culture de Berlin, le Dokumentations- und Kulturzentrum Deutscher Sinti und Roma de Heidelberg, le Muzeum Romske Kultury de Brno. Elle fait aussi la part belle aux collections du Mucem.
Commissariat collectif :
Co-commissaires :
Julia Ferloni, conservatrice du patrimoine, responsable du pôle « Artisanat, Commerce et Industrie », Mucem
Anna Mirga-Kruszelnicka, directrice adjointe de l’ERIAC – European Roma Institute for Arts and Culture (Berlin)
Jonah Steinberg, associate professor of anthropology and director of global studies, University of Vermont (USA)
Commissaires associées :
Françoise Dallemagne, chargée de collections et de recherche, Mucem
Alina Maggiore, chercheuse, CIFRE au Mucem, doctorante en anthropologie sociale, Université Aix-Marseille /Université de Freiburg
Comité d’experts :
William Acker, juriste et chargé de mission au Port des créateurs, Toulon
Yahya Al-Abdullah, doctorant en anthropologie sociale, EHESS Paris
Nelly Debart, foraine, présidente de l’ANGVC et membre du conseil consultatif des Gens du Voyage
Bénédicte Florin, maître de conférences en géographie, Équipe Monde Arabe et Méditerranée (EMAM), laboratoire CITERES, Université de Tours
Lise Foisneau, chercheuse en anthropologie sociale CNRS/IDEMEC, Marseille
Pascal Garret, photographe et sociologue, Tours
Caroline Godard, directrice de l’association «Rencontres Tsiganes», Marseille
Gabi Jimenez, artiste plasticien et membre de l’ADVOG
Timea Junghaus, historienne de l’art, directrice de l’ERIAC, Berlin
Jean-Pierre Liégeois, sociologue, enseignant-chercheur honoraire et directeur (1979/2003) du Centre de recherche sur les Tsiganes de l’Université Paris-Descartes, consultant auprès du Conseil de l’Europe
Valentin Merlin, photographe indépendant
Cristian Padure, linguiste, enseignant-chercheur à l’université de Bucarest
Santino Spinelli, musicien, compositeur et professeur à l’université de Chieti
Sasha Zanko, étameur, président de l’association « Tchatchipen » et délégué du Forum Européen des Roms et des Gens du Voyage
Scénographie : Iva Berthon-Gajšak et Clara Launay, bgc studio
Graphiste : Fabrice Petithuguenin
••• Portes ouvertes de l’exposition « Barvalo »
Mardi 9 mai, découvrez gratuitement et en avant-première la nouvelle exposition du Mucem « Barvalo », qui a pour objet l’histoire et la culture des populations romani d’Europe.
Lors de ce vernissage, un show-case de l’artiste hip-hop Lora Yeniche sera proposé sur la terrasse du J4, suivi d’un set balkanique de DJ Soumnakaï.
Bar et petite restauration sur place dès 16h.
17h, 18h, 19h, 20h – Présentation de l’exposition par les commissaires
20h15 – Show-case de Lora Yeniche
21h15 – DJ Soumnakaï